La Tribune de Lyon ~ 28 mars 2013
Il y a Anthony Tschirhard, le brillant étudiant de 25 ans, et Istar, l’illusionniste aux doigts de fée. Le premier et son profil de gendre idéal ne souffrent d’aucune aspérité. Avec son gabarit de basketteur, son costard nickel et son doctorat en mathématiques appliquées à l’INRIA Rhône-Alpes, ce thésard aurait tendance à s’attirer la jalousie plutôt que la sympathie.
Istar lui ressemble étrangement mais dépouillé de la rectitude qui habite l’autre. Et surtout il se prête mieux au fantasque, car c’est d’un magicien qu’il s’agit. La révélation lui est venue à l’été 2005. “Un copain m’a montré un tour qui m’a bluffé. Sans aucun doute l’une des plus grandes émotions de ma vie”, confie-t-il. Une simple étincelle qu’il a su entretenir pour devenir le brasier ardent de sa passion. Autodidacte. c’est en épluchant bouquins et vidéos qu’il affûte la maîtrise de son Art. Une rigueur qu’il pousse sans cesse plus loin, car “si le spectacle n’est pas millimétré, ça ne peut que rater. Et c’est là toute la difficulté du close-up par rapport au spectacle traditionnel, qui demande un plus grand sens de l’improvisation et de l’anticipation”. Close-up ? “De la magie de proximité, celle qu’il pratique en contact rapproché avec le public. Et le voilà qui s’exécute : d’une gerbe de flamme s’échappant de sa main, il fait apparaître un jeu de cartes. Tutoyant les arcanes de l’illusion, il dissimule et transforme tout en n’importe quoi, avec le charisme d’un showman aguerri. Il le reconnaît, “il faut savoir blablater, s’adapter sans cesse au public. La mise en scène est primordiale”.
Lors de ses week-ends et soirées de libre, le Lyonnais parcourt les routes de l’Est pour répandre des sourires émerveillés et incrédules lors de soirées privées. Sa notoriété commence à grimper et les sollicitations se multiplient. Il a animé des galas pour le ministère de la Justice ou le lancement de la Peugeot 308. Mais l’ambivalence de sa situation lui pèse : “Parce que je bosse à côté, les gens pensent que mes spectacles sont d’un niveau amateur. Alors que c’est un vrai travail qui m’occupe plus que mon activé principale. À bien y réfléchir, je suis magicien, et pendant mon temps libre, je fais ma thèse. Mais j’aimerais ne renoncer à aucun des deux.”
Gilles Reymann